Ce soir, l'OM revient à Munich, là où il a écrit la plus belle page de son histoire. C'était il y a 19 ans. Pour beaucoup, supporters en tête, la page est tournée. L'heure n'est de toute manière pas aux réjouissances alors que le club est près de la sortie en C1 (aller : 0-2) et décevant en L1
Le temps n'est pas un allié. Ni pour les hommes, ni pour les objets de notre quotidien. La règle est immuable. Impitoyable. Comme les visages, les édifices trahissent le poids des ans. Demandez donc aux supporters marseillais passés par Munich le 26 mai 1993 et revenus ce 4 avril 2012. De l'Olympiastadion à l'Allianz Arena, un monde nouveau a remplacé l'ordre ancien. Les tentures de plexiglas de l'ancienne enceinte du Bayern et son confort spartiate "so 70's" ont laissé place à un ovni du XXIe siècle, aux allures de pneu blanc négligemment couché à deux pas de l'autoroute.
Entre les deux stades, dix kilomètres à peine. Une éternité en réalité. Comme entre l'Olympique de Marseille version 1993, venu à Munich pour s'installer sur le toit de l'Europe, et celui de 2012, qui arrive en Bavière avec l'envie d'y croire encore un peu. A défaut d'être sûr d'en avoir les moyens. Ce soir à l'Allianz Arena, l'OM disputera peut-être son dernier match de Ligue des Champions avant "on-ne-sait-trop-quand". Parce que pour la saison prochaine, celle du vingtième anniversaire du triomphe de Munich, il faudra repasser.
Des fidèles feront quand même le voyage. Tournés vers le présent. Pas vers le passé. "Si seulement, ils pouvaient éviter l’humiliation, ce serait déjà bien", explique un membre des Ultras qui décrit parfaitement l’état d’esprit général. La ferveur n’est pas au rendez-vous de l’événement et le parallèle avec la finale de 1993 est loin d'être évident. Pour des tas de raisons.
"Boli, ça date de l'an pèbre"
D’abord parce que beaucoup de jeunes supporters n’ont pas connu la joie de vivre 1993. "Pour nous, la finale de 1993, c’est surtout en DVD, rigole Hervé, un jeune encarté chez les Winners qui a eu du mal à vibrer en regardant le documentaire 'A jamais les premiers' diffusé en mai dernier sur France 3. On aime bien voir ces images mais on ne l’a pas vécu en direct. Ce n’est pas pareil. Pour nous, Boli et compagnie, ça date de l’an pèbre (expression provençale pour dire qu’il s’agit d’un temps très lointain, ndlr)." Fondés en 1994, les MTP comptent parmi eux beaucoup de jeunes supporters nés après 1993. Difficile pour eux de faire le lien entre 1993 et 2012, entre Barthez et Mandanda. "On connaît les joueurs de l’époque, car on les voit dans les émissions de foot d’aujourd’hui, explique un lycéen abonné chez les Yankee. Mais ça ne nous dit pas grand-chose…"
Leurs ainés ont la mémoire moins courte. Logique. Ils dissertent volontiers sur le "plus grand moment de foot de leur vie". Les plus fervents iront à Munich. Pour la forme. "Ou pour le tourisme", s’amuse Samuel. Il a pris son billet avant le match aller espérant que l’OM ne coule pas à domicile. La défaite par deux buts d’écart ne le rend évidemment pas optimiste. "On va là-bas sans espoir, se désespère-t-il. Je ne vois pas comment on peut renverser la situation. On ira voir une belle équipe du Bayern…" Et un stade exceptionnel de modernité, symbole d'un XXIe siècle où l'OM - et la France par extension - ne pèse plus très lourd.
http://fr.sports.yahoo.com/02042012/70/ligue-des-champions-meme-endroit-autre-histoire.html
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