Les Bleus sont-ils trop jeunes pour être champions du monde?

«Le langage des chiffres a ceci de commun avec celui des fleurs, on leur fait dire ce qu’on veut.» Jamais nous n’oserions remettre en cause la sagacité d’une réplique d’Audiard, mais il faut quand même reconnaitre que les statistiques qui décrivent l’équipe de France sont suffisamment éloquentes pour convaincre un Jean Gabin version «Président». Avec à peine plus de 26 ans de moyenne d’âge, ces Bleus sont les plus jeunes de l’histoire du foot français à entrer dans une Coupe du monde. Avec à peine 20 sélections par tête de pipe, ils sont aussi la 30e équipe la moins expérimentée de ce mondial, juste devant l’Australie et l’Algérie. Une dernière? Sur le onze de départ très probable face au Honduras, seulement trois joueurs ont déjà joué en Coupe du monde: Lloris, Evra… et Valbuena, qui culmine à 21 minutes sur la pelouse en 2010.

Varane-Sakho, «ce n’est pas l’âge qui compte»

Comparés aux autres favoris de la compétition, les Bleus n’ont jamais aussi bien porté leur nom. «L’expérience est une donnée importante sur un tournoi final, convient Didier Deschamps. Aujourd’hui, sur les grandes nations, les joueurs ont tous au-delà de cinquante sélections de moyenne. Ils sont là depuis six, huit ans. Moi, quand je suis arrivé, les joueurs étaient entre zéro et quinze. Forcément, les compteurs sont assez faibles.» La rupture avec certains cadres du précédent sélectionneur (Rami, Nasri), l’éclosion de jeunes talents (Pogba, Varane, Griezmann) et les blessures (Ribéry, Mandanda) expliquent en grande partie ce profond renouvellement.
Généralement confiée à des trentenaires, la défense centrale des Bleus, formée par Varane (20 ans) et Sakho (24), sera la deuxième plus jeune du monde après celle des Pays-Bas. «Je pense que la question, ce n’est pas l’âge, c’est la qualité et l’expérience. Varane joue au top niveau depuis ses 18 ans, Sakho aussi» défendait ainsi il y a quelques jours José Mourinho himself. Troisième défenseur central, Laurent Koscielny enjoint: «Leur âge n’est pas une inquiétude. On a vu Raphaël en Ligue des champions [il a été titulaire en finale avec le Real Madrid]. Ils sont matures, réfléchis. Ils jouent dans les plus gros clubs.» Un constat qui vaut aussi pour Matuidi, Pogba, Cabaye, néophytes en Coupe du monde mais habitués à jouer des gros matchs.

«Enthousiasme, générosité, un peu de folie»

Alors, sont-ils vraiment trop tendres pour cette Coupe du monde? Réponse en deux temps du capitaine et du sélectionneur. «Il faut de l’expérience, bien sûr, mais il faut davantage montrer de l’envie, de l’abnégation, de la rigueur, adhérer à un projet collectif, lance Hugo Lloris». «La jeunesse a aussi ses qualités, avec l’enthousiasme, la générosité et un peu de folie, poursuit Deschamps. Des équipes comme le Brésil, l’Allemagne ou l’Espagne vont commencer la compétition avec l’objectif de la gagner. Nous, on est libre d’avoir ça dans un coin de la tête, pourquoi pas…» Tout est question d’ambition.

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