Du virage sud, des bouteilles en plastique vides et des boulettes de papiers ont été lancées en direction du gardien lyonnais Anthony Lopes, à la 62e minute. Le public s'est enflammé après un tacle de Milan Bisevac sur Benjamin Mendy dans la surface, réclamant un penalty. L'arbitre, Ruddy Buquet, a alors décidé de renvoyer les 22 joueurs dans les vestiaires, suivant en cela le protocole. Quelques minutes auparavant, il avait déjà arrêté le match quelques instants alors que Valbuena devait être protégé par plusieurs personnes pour tirer un corner.
"Exercice de non-droit du foot"
"Au prochain jet de projectile sur la pelouse le match serait arrêté définitivement", a prévenu le speaker du stade Vélodrome au moment du retour des joueurs sur le terrain, alors que des forces de l'ordre étaient déployées devant certaines tribunes. Mais pendant l'interruption, alors que les joueurs ont rejoint les vestiaires, ce sont les présidents qui sont entrés en scène par des déclarations sur Canal+, tout en restant aussi longuement ensemble dans le vestiaire du délégué de la Ligue de football professionnel (LFP).
"Je pense que le score est acquis, a lâché Jean-Michel Aulas. J'ai indiqué qu'il y avait déjà des erreurs qui sur d'autres terrains auraient coûté l'arrêt du match ou des sanctions extrêmement graves. On est dans un exercice de non-droit du football, il faut vite y mettre un terme, ou alors c'est pas la peine d'investir autant qu'on le fait dans les stades et dans les joueurs, parce qu'ici, c'est injouable. Je pense que c'est impossible de reprendre".
"Les propos du président Aulas engagent le président Aulas, a répondu en écho son homologue marseillais, Vincent Labrune, juste avant la reprise du match. Il y a des situations des fois dans la vie, on sait pas si on doit en rire ou en pleurer. Il y a un stade formidable, une ambiance formidable. Et il y a eu malheureusementdes faits de jeu qui ont conduit à un ou deux dérapages, c'est vrai".
"Deux ou trois bouteilles de bière"
"Le club assumera ses responsabilités en terme de sécurité et de conséquences par rapport aux deux ou trois bouteilles de bière qui ont été jetées sur le terrain, mais je pense que tout le monde doit les prendre, a-t-il ajouté. A un moment donné, on doit tous être sur la même ligne, et il faut raison garder. Moi, je prendrai mes responsabilités en tant que président, et je veux que tout le monde les prenne à la Fédération, à la direction de l'arbitrage, et à l'Olympique lyonnais également".
Après le match, ils en ont remis une couche. Labrune a opposé l'OL, "habitué à jouer à onze contre dix" et qui obtient des penalties, à l'OM, à la situation contraire selon lui. "On n'est pas aidé par les circonstances. On avait un quatuor arbitral remarquable, ils ne l'ont pas fait exprès, mais je constate que factuellement c'est toujours, toujours dans le même sens et je suis encore plus heureux du point qu'on prend ce soir", a-t-il déploré. "A vitesse réelle, même moi dans la tribune je pensais qu'il y avait penalty. Je l'ai dit à la mi-temps quand on s'est vus avec Jean-Michel : ça devient drôle. Peut-être que je grandis, que je mûris, maintenant j'en rigole nerveusement", a-t-il aussi lâché.
Réplique d'Aulas : "Il n'y a pas si longtemps qu'il arrive dans le foot, mais il s'est fait une réputation de garçon qui n'a absolument aucune objectivité. Mettre en cause l'arbitre sur un match de ce type, c'est un peu douteux, et personnellement je n'irais pas jusque là parce que ça ne vaut pas le coup". "Vincent est jeune et il apprend petit à petit les risques quand on est président, a-t-il ajouté. Le match de ce soir a failli tourner en clochemerle. Il faut avoir le courage de faire respecter les règles, en particulier les règles qui permettent aux supporteurs adverses, aux joueurs et à l'arbitre de pouvoir exercer dans de bonnes conditions ce match qui était parti sur de bonnes bases".
Les deux dirigeants sont connus pour s'asticoter régulièrement, entre deux profils distincts : Aulas, 66 ans, président de l'OL depuis 1987, actionnaire numéro 1 avec 34% du club, et Labrune, 44 ans, homme de confiance de la famille Louis-Dreyfus propriétaire de l'OM et président depuis 2011. Ce match leur a permis de relancer leur guéguerre, alors qu'on les a aperçus dans une image plus empreinte de complicité, plus ou moins vacharde, juste avant la partie, dans les couloirs du Vélodrome filmés par la chaîne cryptée : ils ont fait quelques pas côte à côte, avant que l'aîné ne fasse une poussette sur la tête de son cadet, entre paternalisme et coup de pression, suscitant une réaction mi-amusée, mi-offusquée du jeune président.
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