Le cahier des charges est énorme, étouffant. Pour choisir qui sera le successeur de Deschamps, Desailly, Vieira, Zidane et Henry, tous capitaines de l'équipe de France ces quinze dernières années, Laurent Blanc a placé la barre très haut. Si haut qu'il a décidé de ne brûler personne avec le bout de tissu aux trois couleurs : jusqu'à nouvel ordre, il devrait alterner, tâtonner, tester.... Il faut quelqu'un "d'incontournable sur le terrain", pose-t-il comme condition. Ça ne court pas les rues de Clairefontaine en ce moment, et de toute façon cela ne suffit pas, comme l'a montré l'exemple d'Evra en Afrique du Sud. "Je répète qu'il faut du temps pour connaître les hommes qui en sont capables, dit Blanc. Tout rentre en ligne de compte. Il faut trouver celui qui, une fois nommé, en assumera les fonctions, et sera sublimé et non affaibli par elles". Un oiseau rare, on vous dit. A son arrivée dans les Yvelines, lundi, Blanc disait : "Si quelqu'un émerge d'ici vendredi par sa personnalité et son charisme, ce sera le nouveau capitaine". Plus sérieux : "Il faudra du temps."
L'équipe probable contre la Biélorussie est composée de Lloris, Sagna, Rami, Mexès, Clichy, A. Diarra, Diaby, Malouda, Ménez, Rémy et Hoarau. Six joueurs parmi eux sont évidemment trop jeunes pour assumer la fonction (Rami, Clichy, Diaby, Ménez, Rémy et Hoarau). Aucun ne semble par ailleurs avoir la personnalité rayonnante qui le désignerait d'office. Parmi les autres, Mexès a assumé la fonction en Norvège (2-1). Plutôt correctement. Par rapport aux années Domenech, le joueur de la Roma avait une assurance jamais entr'aperçue jusqu'ici avec le maillot au Coq. S'il a bien semblé être un joueur "à part" dans l'esprit de Blanc, cette semaine encore, quand il a été désigné pour partager un tennis-ballon avec Zidane et le reste du staff, l'installer dans le rôle de capitaine aujourd'hui entraîne vraisemblablement une trop grosse part de risque. Mexès a assez à faire en s'occupant de son jeu et de son association avec Rami. Et son statut à la Roma ne lui garantit en rien une place de titulaire ou d'incontournable à terme.
A. Diarra favori
Le grand favori, pour un tas de raisons, la principale étant leur histoire commune avec Bordeaux, est Alou Diarra. "Je le connais très bien, consent Laurent Blanc. Il peut remplir ce rôle, il l'a fait en club. Mais le contexte est différent." Le Girondin avait assumé la fonction lors du dernier match de la Coupe du monde contre l'AFrique du Sud (1-2)... Il connaît un peu. La veille du match, c'est en général le capitaine qui vient s'exprimer et les journalistes ont eu la surprise de trouver face à eux Bacary Sagna, jeudi. A 27 ans, 23 sélections, pourquoi pas? C'est le joueur lui-même qui le revendique. "J'y pense, je me sens concerné en tant que joueur appelé régulièrement. Mais mon rôle premier est d'être performant et d'aider cette équipe." Avec le même genre de profil, il y a Lloris. "Je ne me sens pas prétendant, répond pourtant le gardien. Il y a d'autres joueurs qui ont beaucoup de sélections et donc d'expérience." Lloris, Blanc n'y est pas opposé sur le principe, mais pas fan non plus. "Le gardien a une vue d'ensemble sur le jeu mais c'est vrai qu'il est un peu loin de l'action."
Reste Malouda. Les casseroles de Knysna ne sont pas trop bruyantes en ce qui le concerne. Il passe pour être le meilleur joueur français du moment. "Il est un candidat logique", admet Blanc. Apprécié dans un groupe, Malouda a cependant une approche assez personnelle de sa carrière qui ne le rend pas totalement légitime, comme il l'a révélé sans même s'en rendre compte en début de semaine. "Je considère qu'un joueur, pour donner sa pleine mesure a besoin de l'équipe nationale. J'ai besoin de l'équipe nationale, c'est mon état d'esprit." L'hypothèse de devenir le guide le touche sans le sublimer. "Ce n'est pas une ambition personnelle. Je ne suis pas venu ici pour être capitaine mais pour gagner des matches. Je ne me suis jamais projeté là-dessus, ce n'est pas une tâche facile le capitanat..."
Malouda pose ses conditions
Titillé sur le sujet, Malouda finit par défendre sa candidature en développant une idée très forte du capitanat telle qu'elle peut s'exercer en Angleterre. Une vision assez peu compatible avec celle d'un brassard tournant. "Un peu à l'image de ce qui se fait sur d'autres nations, j'aimerais qu'il ait une vraie valeur et un vrai poids, dit le Guyanais. Capitaine, c'est intéressant de l'être si on a un certain pouvoir. Si c'est juste pour avoir le brassard avant un match, ça ne sert pas à grand chose. Vous ne vous improvisez pas capitaine, ça doit venir des coéquipiers et de l'entraîneur. On ressent qu'en France, ce n'est pas le même poids que dans d'autres nations. Un peu comme au rugby, c'est un rôle complètement différent, un truc très important, une responsabilité lourde. A trente ans, je peux l'assumer, mais ce n'est pas quelque chose que je recherche." Blanc, s'il recherche à marquer la rupture avec l'ère Domenech, tiendrait un beau symbole avec Malouda. Il y a trois semaines, ce symbole se nommait Mexès.
Eurosport
http://fr.sports.yahoo.com/02092010/70/qualifications-euro-2012-un-capitaine-des-capitaines.html
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