Sans admettre qu’il va transformer les Bleus en équipe de contre, Laurent Blanc souligne qu’il n’a pas sous la main les joueurs capables d’appliquer sa philosophie de jeu. A deux mois et demi de l’Euro, le sélectionneur se pose encore des questions et n'exclut pas une surprise dans sa liste.
Pour les Bleus, la victoire en Allemagne (2-1) a changé beaucoup de choses. Pas son "statut" mais "la manière de nous regarder", selon Laurent Blanc. Elle "a fait prendre conscience que nous sommes capables d'élever notre niveau de jeu sur un match. Je dis bien sur un match. Après sur une compétition, c'est autre chose". Cette victoire a peut-être aussi changé leur façon de jouer. A Brême, les contre-attaques tricolores ont fait mal. Même si le sélectionneur s'en défend. "J'entends dire que l'équipe de France est plus à l'aise en contre. Foutaises !, a-t-il assuré devant plusieurs journalistes de la presse quotidienne régionale au siège de la FFF. Après, évidemment qu'on s'adapte aux circonstances du match. Quand l'adversaire prend le dessus techniquement ou au milieu du terrain, comme cela a été le cas pendant vingt minutes en Allemagne, il faut savoir bien défendre, quitte à reculer".
Ce qui le chiffonne, c'est sans doute que cette réalité l'éloigne de son idéal. "Ma philosophie est claire, elle est d'avoir le ballon plus que l'adversaire et de progresser techniquement", dit-il dans des propos relayés par le site de la Fédération. Problème, "je ne possède pas les joueurs pour appliquer le jeu que j'aimerais", avoue Laurent Blanc qui souligne malgré tout : "Contre l'Allemagne, à votre avis, qui a eu le plus le ballon ? Nous !". Mais le patron des Bleus a un modèle en termes de jeu : le Barça. "C'est davantage gratifiant d'avoir la possession de la balle. Barcelone, c'est évidemment la crème des crèmes, mais nous n'avons pas les joueurs pour", insiste-t-il. Et il a ciblé le point faible : "On a réussi à trouver une ossature en défense. Devant, on a du talent. On a plus de problèmes dans le cœur du jeu pour trouver des joueurs d'expérience internationale qui nous permettront d'être compétitifs".
"Une surprise ? Je veux bien mais..."
S'il n'envisage de faire jouer les Bleus comme le Barça en quelques mois, trouvera-t-il la perle rare pour les faire progresser "dans le domaine offensif" et "dans la conservation du ballon", où il juge son équipe "bien même si tout n'est pas parfait, loin de là". Dans l'optique de sa liste des 23, qu'il bouclera le 29 mai, le sélectionneur a déjà un "noyau dur des 13 ou 14 noms régulièrement convoqués depuis août 2010". Restent donc "cinq ou six places (qui) méritent encore réflexion". D'ailleurs, Blanc n'exclut pas une éventuelle surprise, si elle est "justifiée et cohérente", ou "un pari sur un joueur". "Si c'est juste pour faire un effet d'annonce, ce n'est pas un service ni pour le joueur, ni pour l'équipe", prévient-il-t-il. Il laisse donc "la porte ouverte à un ou deux joueurs qui finiraient la saison en boulet de canon et qui pourraient nous amener une certaine fraîcheur. D'autant plus si c'est un joueur offensif qui marque but sur but".
Qui pourrait créer la surprise ? A priori, il n'y a pas encore d'Iniesta ou de Messi qui frappe à la porte de l'équipe de France. Mais Bafétimbi Gomis, qui a traversé un passage à vide avant de se réveiller à Saint-Etienne (0-1), ou Guillaume Hoarau, qui revient bien avec le PSG, auront sans doute reçu le message. Concernant Abou Diaby et Yoann Gourcuff, blessés de longue date, il est "difficile de les rentrer dans la liste" pour le moment mais il leur reste "encore un peu de temps". Dans l'entrejeu, Blanc a également avoué avoir un oeil du côté de Toulouse où Etienne Capoue enchaîne les bonnes performances. "Il est dans la liste des 40. Il est toujours présélectionné. Je suis personnellement ce joueur. Il fait partie des meilleurs à son poste en Ligue 1", dévoile-t-il, tout en rappelant que "à ce poste, l'équipe de France est déjà bien fournie". Mais il apprécie ses qualités qui allient "une grande densité physique et une qualité de passe intéressante". Il leur reste un peu plus de deux mois pour s'inviter en Pologne et en Ukraine.
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