Mais que se passe-t-il à Bordeaux ? Flamboyante il y a encore quatre mois, l'équipe de Laurent Blanc est au bord du vide. Le constat est édifiant. Depuis la finale de la Coupe de la Ligue perdue face à l'OM, rien ne va plus. Trois victoires en 2010, une série en cours de quatre matches sans succès (dont trois défaites)... le bilan ressemble plus à celui d'un relégable qu'à celui d'un prétendant au titre. D'ailleurs, l'entraineur des Girondins s'est évertué cette semaine à mettre les choses au clair : Bordeaux n'est plus dans la course au titre. "Vous n'arrivez pas à admettre que Bordeaux ne puisse pas jouer le titre de champion. Nous n'avons pas réussi à continuer sur notre belle lancée de 2009. Mais nous avons une fin de championnat très excitante ! Nous avons les atouts pour terminer parmi les 2 ou 3 premiers", a-t-il fixé comme objectif. Avec toujours un match en retard, il est tout à fait réalisable. Si seulement tous les voyants n'étaient pas au rouge...
Toutes les hypothèses, ou presque, ont été avancées pour expliquer cette chute libre. Longtemps, les Girondins, 6e, se sont cachés derrière leurs matches en retard pour continuer de positiver. Mais, à force de les griller, de se trouer individuellement, le discours a viré au "sauve qui peut", et à la remise à plat des objectifs. Visiblement, l'élimination en Ligue des Champions a beaucoup mal à passer chez certains. "Le deuil est difficile à faire car nous sommes passés tout près de la demi-finale", a ainsi avoué Laurent Blanc qui espère que cette semaine a permis de "bien digérer tout ça". Jeudi, c'est Yoann Gourcuff qui a tenté l'explication, accusant à la surprise générale les médias d'être en partie à l'origine de la dégringolade girondine.
Blanc fait la police
Erreur de jeunesse, de jugement ? Sûrement, à entendre le gardien vétéran Ulrich Ramé, qui a connu crises bien pires en douze ans de présence sur les bords de la Garonne, où son entraîneur Laurent Blanc, qui l'ont tous deux remis à sa place. Au moins peut-on reconnaître le mérite à Gourcuff d'avoir (enfin) admis que l'avenir incertain de Blanc, annoncé dès janvier comme possible successeur de Raymond Domenech par le président de la FFF Jean-Pierre Escalettes, avait bel et bien perturbé le groupe. "Cela met un climat qui n'est pas positif et c'est fatigant car on est toujours en train de parler du coach, que Marouane (Chamakh) va partir...", a-t-il avoué. Vu la concordance des dates et le début de la chute, on est en droit de le croire.
Mais le mal semble profond. Le moral atteint, le groupe se fissure. D'habitude discret, Fernando Cavenaghi est sorti de sa réserve cette semaine pour faire part de sa frustration. "Franchement, c'est très compliqué pour moi', s'est-il livré dans Sud Ouest. Avec seulement 12 titularisations (pour 3 buts), l'Argentin envisage même un départ l'été prochain si sa situation n'évolue pas. Et ses relations avec Chamakh en ont pâti. "On a mis en place un système de jeu pour lui. La saison dernière, on a été champion en jouant ensemble. Pourquoi ne pas continuer avec la même philosophie ?", a-t-il accusé. Et lui aussi a eu le droit à une remise en place en bonne et due forme. "Est-ce que ce sont les performances individuelles qui m'ont fait revoir ou est-ce que j'ai revu le système pour éliminer des individus ?", a questionné Laurent Blanc qui explique : "arrive un moment où les performances individuelles font que vous êtes obligé de changer de système".
Hécatombe
Aujourd'hui, avec encore six matches à disputer, Bordeaux a un besoin urgent de rebondir. Pour atteindre ses objectifs, et peut-être éviter un exode massif l'été prochain, le club au scapulaire n'a plus de joker et devra réussir un parcours sans faute. A commencer par le déplacement à Lorient (8e), samedi. Son adversaire le mieux classé de la fin de saison avant quatre déplacements.Mais les absents pourraient peser lourd. "On n'est même pas 18 pour aller à Lorient", ironise Laurent Blanc, qui doit se passer de Cédric Carrasso (adducteurs), Marc Planus (ischio-jambiers droits), Fernando (fractures au visage), Fernando Cavenaghi (genou droit) et Grégory Sertic (fracture du gros orteil droit), ainsi que de Michaël Ciani, Benoît Trémoulinas et Jussiê (suspendus). Blanc devrait faire appel à deux jeunes de la CFA, l'attaquant Guillaume Insou (19 ans) et le milieu Johan Blonbou (18 ans). Une hécatombe qui tombe au plus mauvais moment. Quand le sort s'acharne...
A.P. / Eurosport
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