La seule question qui se pose désormais est celle de la durée. Ce climat résistera-t-il au parfum de la compétition ? Aux premières défaites ? Au retour des rebelles ? Seul le temps le dira. Mais pour l'essentiel, la rupture est entérinée. Surjouée devant les caméras, diront les sceptiques. Ils auront très vite une réponse à leurs interrogations. Vers 21h15, heure du match, personne ne pourra tricher. Le terrain ne ment jamais. Norvège - France va valider, totalement ou en partie, le contenu de la révolution des esprits perceptible depuis lundi à Clairefontaine autour de l'équipe de France. La générosité affichée de ce groupe et ses dirigeants est pour l'instant proportionnelle, dans un virage à 180°, au repli et à la paranoïa de sa devancière. Osons les mots : dans son style et ses promesses, Laurent Blanc apparaît comme un-Raymond Domenech.
La réalité la plus palpable est que la batterie de son crédit est pleine à 100%. "Il impose le respect de par sa carrière, résume Samir Nasri. Il a la crédibilité en tant qu'entraîneur, une aura." Il est rare, pour de ne pas dire unique, de voir des internationaux se découvrir au moment de décrire leur coach. Leur patron. Un patron qui est aussi l'un des plus illustres anciens de la corporation. Pour entretenir l'état de grâce, ça compte. "Quand on regarde sa carrière, c'est quelqu'un d'exemplaire, ose L. Diarra. On ne peut que le respecter." "On sent qu'il est passé par là, témoigne Loïc Rémy. Il y a une autre approche avec nous." Bien sûr, les Bleus y mettent les formes : Ils ne diront pas que Domenech était impénétrable ou incohérent. Ils diront de Blanc : "On a senti à première vue un entraîneur avec un discours facile, qui va vers les gens. La communication est importante aujourd'hui et, entre les deux, elle a changé selon moi" (Rémy).
"Quand on voit ce que ce maillot était et ce qu'il est devenu..."
Mais les idoles ne font pas les chefs, et l'une des facettes les plus fortes du management de Blanc, c'est celle des "principes auxquels les joueurs adhèrent, sinon ils seront exclus d'eux-mêmes du groupe" (Nasri). En écho au discours de Blanc sur le "noyau dur" de joueurs qui devra "transmettre (ses) valeurs", le joueur d'Arsenal décrit la dictature du collectif, plutôt que celle d'un homme. "On n'attend pas de lui qu'il soit un tyran. Mais il a ses règles de vie, ses principes." Et pas qu'un. "J'ai donné quelques règles aujourd'hui, disait Blanc en arrivant à Clairefontaine. Il y en aura d'autres en septembre. Les joueurs doivent comprendre que je ne dérogerai pas à ce que j'ai dit." Quand Nasri, exclu des trente pour le Mondial sur une présomption de melonite aiguë, dit que "pour réussir au haut niveau, il faut être humble et toujours respecter le jeu", la question du retour des grévistes-bannis pose déjà la question de leur réceptivité. Nasri suggère que le mandat qui s'ouvre est une chance offerte à tous. "On part de loin, il y a du changement à tous les nivaux, même à la fédé, partout. C'est un peu plus structuré. Les joueurs sont revanchards. De l'étranger, j'entends pas mal de choses sur l'équipe de France. Son image a été ternie par ce qui s'est passé. On tient à ce maillot, quand on voit ce qu'il était et ce qu'il est devenu, on a envie de faire partie de ce changement."
Et puis, il y a le jeu. Probablement le domaine où le programme de réformes est le plus radical. Première chose : on en parle. Le sujet était devenu tabou avec Domenech ? Il est au centre du dispositif avec Blanc. "Tout ce qui peut changer quand un sélectionneur arrive, c'est le jeu, dit le sélectionneur. Joueur, j'étais attentif à son discours et je vérifiais sur le terrain que ce que je faisais était conforme à ce discours. Dans ce cas-là, l'adhésion est plus rapide, et j'oserais dire totale." Second changement : les concepts manipulés. Ballon à terre, jeu dans les intervalles, sur les côtés... Le programme régale. Il tranche. "Vous l'avez vu de vos yeux, on avait un système, mais il ne faut pas tirer la pierre sur Raymond Domenech, nuance Nasri. Ce sont les joueurs qui font l'animation et qui font qu'il y a du jeu ou pas." Les Bleus, conscients du virage, ne brûlent pas ce qu'ils ont longtemps respecté. "Domenech est quelqu'un que j'aime beaucoup" assume L. Diarra. La moitié du groupe d'Oslo ne peut pas évacuer que le prédécesseur de Blanc leur a offert leur chance. Nasri conclut: "Blanc veut libérer les joueurs." Seuls les esprits chagrins comprendront qu'ils étaient enfermés il y a quelques mois.
http://fr.sports.yahoo.com/11082010/70/matches-amicaux-l-ancien-regime-et-la-revolution.html
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