mardi 7 septembre 2010

Blanc à la dure

Laurent Blanc connait un début de règne difficile. Sans doute encore plus qu’il ne l’imaginait. Si sa prise de fonction, compte tenu des événements de Knysna, a un caractère unique, le sélectionneur national n’est pas le premier à en baver.
Laurent Blanc savait que cela serait compliqué. Que son histoire avec l'équipe de France ne reprendrait pas là où il l'avait laissée au soir de sa 97e et dernière sélection. C'était face à l'Angleterre il y a dix ans. Une autre époque. Les Bleus étaient champions de tout. Aujourd'hui, ils ne sont plus champion de quoi que ce soit, même plus des matches amicaux. On attend d'ailleurs pas d’eux qu’ils soulèvent des trophées d’ici peu. La France aimerait simplement que son équipe se reconstruise et redevienne performante. Ce serait déjà pas si mal. Et Laurent Blanc n'avance pas le contraire.

Nommé sur les ruines de Knysna et victime, comme d'autres, d'un héritage lourd à porter, Laurent Blanc ne s'est jamais plaint, sinon des sanctions qui ont frappé les meneurs de la mutinerie du 20 juin dernier. Malgré deux défaites de rang pour commencer son règne, face à la Norvège (1-2) en amical et vendredi face à la Biélorussie (0-1) en ouverture des qualifications pour l'Euro 2012, l'ancien libéro des Bleus garde la tête froide. Ce fut le cas après sa nomination. Au retour d'Oslo. Et après sa première au Stade de France, vendredi. Le discours reste calme, empreint de réalisme. Et l’atmosphère est apaisée. A des milliers d’années-lumière de celle qui entourait les saillies verbales de son prédécesseur.

Deux défaites pour commencer

Laurent Blanc n'est pas le seul à avoir connu quelques désagréments pour ses premiers pas dans le large costume de sélectionneur. Gérard Houllier (1992-1993) avait bien commencé par deux revers, face au Brésil (0-2) et à la Bulgarie (0-2). Tout comme Just Fontaine en 1967, contre la Roumanie (1-2) et l'URSS (2-4). Les deux hommes n'étaient finalement pas été allés très loin, surtout le meilleur buteur de la Coupe du monde 1958 qui avait rendu son tablier après ces deux rencontres. Houllier, lui, avait réussi à redresser la barre temporairement. L'embellie avait duré environ un an. Et le tout s'était terminé par le crash du 17 novembre 1993.

Ce n’est cependant pas d’Houllier ou de Fontaine, malgré l’analogie des chiffres, que l’ancien Bordelais se rapproche le plus. On peut plus aisément comparer Blanc à Raymond Domenech - celui de 2004… - et aux contextes rencontrés par Aimé Jacquet et Jacques Santini. Comme le premier nommé, il démarre une nouvelle aventure avec une équipe rajeunie. Comme Domenech, qui avait attendu un voyage aux Iles Féroé pour gagner (2-0), Laurent Blanc est privé de joueurs expérimentés. Ceux de Domenech étaient partis à la retraite, ceux de Blanc sont suspendus ou dans la nature.

63 jours + 4

A l'image de Jacques Santini et d'Aimé Jacquet, Laurent Blanc a pris les rênes d'une équipe de France meurtrie. Comme l'actuel sélectionneur, Santini a été forcé reconstruire sur les ruines d'une Coupe du monde ratée. Aimé Jacquet, lui, a rebâti sur les cendres chaudes de France - Bulgarie. Mais là où Blanc et Santini, recrutés en dehors de la fédération et symboles d'une rupture souhaitée, Jacquet était au départ un recours par défaut. Un intérimaire censé effacer du mieux que possible un échec impensable (France – Bulgarie). Laurent Blanc, qui en était et avait vu de très près Emil Kostadinov envoyer la France en enfer, en sait quelque chose. Marqué par l'échec, il avait pris du recul et ne faisait pas partie cette nouvelle équipe de France qui s’était s'imposée 1-0 en Italie à l’occasion de la première de Jacquet. Lama, Karembeu, Desailly, Deschamps et Djorkaeff, futurs héros nationaux, étaient déjà là.

Des futurs héros nationaux, combien Laurent Blanc en a-t-il aujourd'hui sous la main ? L'avenir le dira. Ce que le présent sait déjà est que le "Président" n'a pas le temps de se poser toutes ces questions. Comme il le répète à l'envi, il n'a pas le temps. Aimé Jacquet, lui, avait bénéficié de près de neuf mois avant de disputer une première rencontre officielle. Entre l'officialisation de sa nomination à la tête des Bleus et le match face à la Biélorussie, Blanc n'aura bénéficié que 63 jours. A Sarajevo, le patron et ses Bleus seront plus vieux de quatre jours. Si les révolutions se déclenchent violemment, leur préparation demande du temps. Beaucoup de temps.

Eurosport
http://fr.sports.yahoo.com/07092010/70/qualifications-euro-2012-blanc-a-la-dure.html


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