62 kilomètres seulement et pourtant tout sépare Lyon de Saint-Etienne. Deux villes, deux histoires, deux clubs ennemis. Deux cousins qui se chamaillent depuis des décennies. Chaque saison apporte son lot de petites histoires qui nourrit celle du derby. La rivalité entre les deux clubs rhônalpins débute réellement dans les années 70, lorsque Saint-Etienne écrase l'Hexagone et prend un malin plaisir à rosser son voisin. Roger Rocher, président des vertes années de l'ASSE, s'en donnait à coeur joie pour inverser sur le pré le rapport de force entre les deux villes : "En matière de football, Lyon a toujours été la banlieue de Saint-Étienne" ou bien encore "Saint-Étienne est la locomotive et Lyon les wagons."
Le roi de la provocation ? Raymond D.
Symbole de cette période faste pour le club du Forez, le derby à Gerland de 1969, premier match du championnat de France diffusé par l'ORTF. L'ASSE vient de battre le Bayern en C1 (3-0). Dans la presse, les Gones se voient déjà triompher de leur voisin qu'ils estiment épuisés après leur brillante démonstration face aux Allemands. Le match est à sens unique pour les Verts (3-0). En sortant de la pelouse, Hervé Revelli et Jean-Michel Larqué lancent aux Gones : " On refait le match?" Au jeu de la provocation, le derby va trouver son maître en la personne de Raymond Domenech. Déjà, le rugueux défenseur de l'OL maîtrise le sens de la formule : "À l'envers comme à l'endroit, le maillot vert me donne des boutons", "Je rêve de pelouses peintes en rouge et bleu... D'ailleurs j'ai pavé la mienne pour éviter de me lever chaque matin avec du vert sous les yeux."
Domenech n'était pas un tendre sur la pelouse. Salif Keita, le phénomène malien de l'ASSE, n'aimait pas les derbies et les confrontations avec le futur sélectionneur de l'équipe de France: "Lors des derbies, je mettais deux protège-tibias à chaque jambe, un devant et un derrière." Symbole de ces matches à haute intensité physique, les sept joueurs blessés lors du seul derby d'octobre 1971. Pour avoir porté les deux maillots, Bernard Lacombe, Lyonnais pure souche, connait mieux que quiconque l'importance de ce genre de rencontre. Il la résume en une anecdote : "Pour mon dernier derby sous le maillot de Lyon, en janvier 1978, je rate un pénalty à Geoffroy-Guichard, et l'OL perd. J'ai été malade pendant 3 jours."
Mais un derby, c'est aussi l'affrontement de deux peuples. Les supporters ne se sont pas toujours contentés des banderoles agressives qui fleurissent désormais. En 1967, l'ASSE est éliminée de la Coupe de France par son voisin (1-0), Jean Snella, alors coach des Verts, accuse l'OL de s'être montré frileux et d'avoir "joué la carotte". Un mois plus tard, les supporters lyonnais jettent 25 kilos de carottes sur la pelouse de Geoffroy-Guichard. Saint-Etienne s’impose comme souvent dans ces années là (2-1)
De la pluie de carottes aux faux passeports
Mais depuis plusieurs années déjà, alors que l'OL est devenu le poids lourd du football français dans les années 2000, c'est Lyon qui fait la loi face à son voisin. Une date symbolise cette inversion du rapport de force. Le 15 décembre 1990, Geoffroy-Guichard assiste au plus beau hold-up de l'histoire des derbies. Saint-Etienne domine outrageusement les débats. 80e minute, le Lyonnais Bouafia déborde sur le côté gauche, aucun coéquipier ne le suit de peur de se découvrir. Il se débarrasse de la balle qui percute le tibia de Sylvain Kastendeuch : "csc", l'OL s'impose 0-1. Sur le terrain, les Rhodaniens sont imperturbables. Dans les journaux, le jeu des petites phrases provocatrices n'est qu'un lointain souvenir.
"Nous sommes obligés d'avoir un discours aseptisé, de faire de la langue de bois, tu ne peux plus allumer. Alors, je reste soft même si c'est dur car nous avons un devoir d'exemplarité et la multiplication des médias entraîne une multiplication des interprétations que nous craignons", résume un Jérémie Janot, qui n'avait tout de même pas hésité lors d'un derby à arborer le numéro 10 pour rappeler aux supporters de l'OL le nombre de titres conquis par son club. L'affrontement ne s'étale donc plus dans la presse mais, en 2000, il a, une dernière fois, dépassé le rectangle vert. Avant la rencontre, Jean-Michel Aulas pose des réserves sur la validité du passeport portugais de l'attaquant stéphanois Alex. Informé par l'agent d'Edmilson de la possible falsification du passeport du Brésilien, le président lyonnais menace de porter réclamation si le joueur est aligné sur la feuille de match. S'en suit l'affaire des faux passeports et la descente aux enfers des Verts. Ils en sont revenus. Sauf d'un : celui de ne jamais battre le grand rival. L'ASSE traque une victoire dans le derby depuis 1994
http://fr.sports.yahoo.com/24092010/70/ligue-1-petites-histoires-de-derbies.html
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