jeudi 31 mars 2011

Décryptage d'une impuissance

0-0 contre la Croatie, seulement trois tirs cadrés mais un groupe ravi, après coup, de n'avoir pas pris de but : l'équipe de France a plutôt déçu sur le pré, puis étonné dans son interprétation du match, mercredi. Voici ce qu'ils en ont pensé à chaud. Voici notre éclairage avec 24 heures de recul
"ON NE PERD PAS, C'EST LE PLUS IMPORTANT..."
Laurent Blanc a beau insister sur la qualité de jeu, la défense reste un héritage tenace, issue de France 98. Son efficacité ravit le sélectionneur. "La défense fonctionne de mieux en mieux. Une grande équipe se définit et se construit avec son bloc défensif". Lors de leurs sept derniers matches, les Bleus n'ont encaissé qu'un seul but. "L'essentiel était de ne pas prendre de but. Le contrat est rempli", s'est félicité Philippe Mexès. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Blanc n'a pas touché à son socle défensif contre la Croatie (Lloris dans le but et la charnière Rami-Mexès) alors que le reste de l'équipe était chamboulé.

Anthony Réveillère n'est "pas très stats". Mais il souligne lui aussi, malgré les changements aux postes de latéraux : "Il y a eu un peu de déchet, dû à peu d'automatismes. Mais on ne perd pas ce match, c'est le plus important". Pour le Lyonnais, il faut y voir un signe de la maturation de l'équipe de France. "C'était important de retenir la leçon par rapport à la Biélorussie où on avait perdu le match sur la fin, analyse-t-il. On fait un 0-0, en tant que défenseur, on est toujours content".
Notre avis : On sous-estime probablement le poids du France - Biélorussie (0-1) de septembre dernier dans l'histoire de cette équipe. Depuis ce jour, les Bleus ont fait le pacte de ne plus concéder de buts et de points bêtement. Blanc aligne les 4-2-3-1. Et si l'équipe peine à créer du danger et à se montrer dangereuse, c'est tout simplement parce qu'elle refuse de se projeter vers l'avant et de mettre en péril son équilibre. Les images sont terribles : le porteur du ballon n'a quasiment pas de solutions, le mouvement est minimal, les postes sont sécurisés. (CR)
"LA REUSSITE NOUS A FUIS"
Si la défense présente peu de failles, l'attaque patine toujours autant. En neuf rencontres, les Bleus ont fait preuve d'une incroyable maladresse : ils ont converti seulement 12 de leurs 158 tirs depuis l'arrivée de Laurent Blanc. Encore faut-il relever que, hormis l'Angleterre et le Brésil, la France n'a pas affronté des cadors. Face à la Croatie, elle n'a cadré que trois tirs, son plus faible total de l'ère Blanc. Tous les Tricolores disent avoir vu du progrès par rapport au Luxembourg, même s'ils ne sont pas capables de s'entendre pour dire s'ils ont livré un nouveau "match assez fermé" (Gameiro) ou si "la Croatie a joué" (Matuidi). "Le bloc-équipe évoluait beaucoup plus haut que d'habitude. On a pu combiner devant, se satisfait Samir Nasri. Même si tout n'a pas été parfait, cela nous avait beaucoup manqué face au Luxembourg. Les occasions, on les a eues. Mais on ne les a pas mises au fond. La réussite nous a fuis." C'est plus compliqué que ça, selon Blanc. "L'animation offensive reste à améliorer mais c'est la chose la plus difficile pour un entraîneur, a reconnu le sélectionneur. Les joueurs ont les qualités pour être meilleurs dans ce domaine." Si Matuidi appelle à ne pas "incriminer les joueurs offensifs", ceux-ci sont lucides. "Sur les deux matches, il n'y a pas eu les automatismes des matches précédents face au Brésil ou l'Angleterre, mais il y a des matches avec et des matches sans", a ainsi reconnu Benzema, auteur d'un tiers des buts de l'ère Blanc. "On se cherche encore dans les liaisons offensives, même si c'était mieux", a reconnu pour sa part Malouda. Le quatuor Nasri, Ribéry, Malouda et Gourcuff doit encore trouver ses marques. "Samir jouait un peu plus bas pour toucher beaucoup de ballons... et c'est un joueur qui a besoin d'avoir la balle", relève Benzema
Notre avis : Deux choses expliquent à nos yeux l'échec offensif des Bleus contre la Croatie. D'abord la prudence dont nous parlions plus haut. Ensuite les difficultés de l'équipe dans la conservation du ballon. Enchaîner les passes, même "ordinaires", finit par épuiser l'adversaire et ouvrir des brèches. Les Bleus en ont été incapables, soit par précipitation, soit par manque de sécurité technique. Au Stade de France, le bloc a évolué plus haut qu'au Luxembourg, certes. Mais réduire les espaces n'est pas seulement un défi proposé à l'adversaire. C'est aussi une exigence technique très forte qu'une équipe s'impose à elle-même. Les Bleus n'y ont pas répondu. Mais ils ont un cap. Qu'ils s'y tiennent.
 (CR)Anthony PROCUREUR (twitter/Antho_eurosport) et Cédric ROUQUE
http://fr.sports.yahoo.com/30032011/70/matches-amicaux-equipes-nationales-decryptage-d-une-impuissance.html
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