Alors que le titre ne semble plus pouvoir leur échapper, les Lillois n'ont pas crié victoire face à Sochaux (1-0), mercredi. Pourtant, ils n'en pensaient pas moins. Frustrés et obligés de se contenir, ils attendront d'avoir pris un point de plus pour exploser. Dès samedi à Paris, espèrent-ils.
Félicitation au LOSC". En quittant la salle de presse, dans laquelle il était entré le premier, Francis Gillot a tenu à saluer le titre de champion de France de Lille, le premier depuis 1954. En s'imposant à domicile face à Sochaux (1-0), les Nordistes ont en effet pris six points d'avance sur l'OM et affichent une différence de buts plutôt confortable (+31 contre +23). Mais, mercredi soir, il n'y avait guère que l'entraîneur du FCSM pour oser en parler ouvertement. De leur côté, les Lillois ont tous répété le même discours : "Mathématiquement, rien n'est fait". "On se rapproche mais à partir du moment où ce n’est pas fait mathématiquement et qu’on n’y est pas, cela ne sert à rien de le crier haut et fort, a rappelé Mickaël Landreau. On a fait un grand pas mais il reste un point à prendre pour être sacré". Rudi Garcia, s'il reconnaît que "ça commence à sentir bon", s'est quant à lui improvisé statisticien : "Je crois que la stat exacte, c'est 93 % de chances d'être champions. Il manque donc 7 %". Implacable.
Pour se convaincre, les Lillois tentent même d'imaginer les pires scenarios. "On ne sait pas. Si Marseille bat Valenciennes 3-0 samedi et que nous perdons à Paris dans le même temps…, tente de mettre en garde Landreau. Mais même lui ne semble pas vraiment y croire. "Je préfère bien sûr être dans notre situation, dit-il. Et puis je pense que Valenciennes peut réussir quelque chose à Marseille. Je le leur souhaite. En tout cas, ce n’est pas encore fini". De son côté, alors que même l'OM dit avoir baissé les bras, Rudi Garcia a pris soin de prolonger le suspens avant les deux dernières journées de championnat. "On oblige Marseille à faire un sans faute. Maintenant, sur cette fin de saison, des équipes doivent se sauver, d’autres jouent pour l’Europe. Rien n’est fait", assure l'entraîneur. Un scenario qui plairait presque à Michel Seydoux, présent le matin même à Cannes pour y présenter un film dont il est le producteur. "J'aime les histoires où il y a du suspens à la fin", sourit-il.
"J'ai préféré la fin de match du Stade de France"
Pourtant, quatre jours après avoir gagné la première Coupe de France du club depuis 1955, il y avait bien un parfum de titre qui planait mercredi sur le Stadium Nord. Des klaxons dans les rues, des sourires sur les lèvres et même un tour d'honneur... Derrière les discours, les joueurs ont paru avoir du mal à contenir une joie qu'ils ne pouvaient "mathématiquement" pas afficher. "J’ai trouvé ça très sobre. Ils ont le droit d’aller vers le kop", a pourtant estimé Garcia au sujet des longues minutes passées par ses troupes sur la pelouse après le coup de sifflet final. Une communion avec le public qui avait tout d'une célébration avant l'heure. "Franchement, si j’avais été champion je pense que je n’aurais pas fait la même chose, se défend Landreau dans un éclat de rire. Cela ressemblait simplement à un grand pas de fait. J’aurais préféré l’être mathématiquement. Sinon je ne serai pas dans cet état là !"
A ce petit jeu de poker menteur, c'est Aurélien Chedjou qui a bien failli craquer. "Est-ce que c'est fait ? Je ne peux rien dire, il y a des témoins ici", a-t-il plaisanté devant les médias avant de lancer en hésitant un consensuel : "On va dire qu'on est proches du titre". Mais, juste après le match, les cris venus des vestiaires adossés à la salle de presse l'avaient trahi bien avant cela. Les Lillois savent qu'ils seront champions. Simplement, ils ne peuvent pas le dire. Pas encore. Alors sont-ils frustrés de ne pas pouvoir fêter le titre dès à présent ? "Il n'y a rien de frustrant", s'exclame Garcia, heureux d'être dans cette position à deux journées de la fin. Son gardien, lui, se montre moins affirmatif. "Il n’y a pas de frustration mais il manque quelque chose", reconnaît-il tout en regrettant : "J'ai préféré la fin de match du Stade de France à celle de ce soir".
"Décrocher le titre à Paris"
Samedi soir, le LOSC et ses supporters avaient pu fêter dignement leur succès en Coupe de France. Cette fois, la fête attendra. Avant la rencontre, le speaker du club avait de toute façon planté le décor en demandant aux supporters de s'armer de patience : "On fêtera ça dimanche prochain si tout se passe bien". Mais les Lillois n'ont visiblement pas envie d'attendre si longtemps. "On fera tout pour décrocher le titre à Paris", a d'ores et déjà prévenu Garcia. Pour cela, un seul point suffira au Parc des Princes, dès ce week-end. Pour Chedjou, "Paris reste Paris. C'est une grosse équipe. Il ne faudra pas les prendre à la légère. Mais je pense que c'est dans nos cordes d'aller prendre un point là-bas". Perdre exprès pour célébrer le titre dans le Nord lors de la dernière journée, le défenseur n'y croit pas une seconde. "De toute façon, si ça se passe comme on veut, je pense qu'on rentrera rapidement pour fêter ça avec nos supporters", dit-il. De son côté, le président Seydoux a fixé comme objectif de "finir avec panache". La fête n'en sera que plus belle.
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