dimanche 27 novembre 2011

Compagnons de galère

Rarement un Marseille – Paris Saint-Germain ne s’est annoncé aussi brûlant pour les entraîneurs des deux clubs. Didier Deschamps, coach d’un OM qui s’est perdu en route, et Antoine Kombouaré, technicien d’un PSG qui file droit devant mais ne séduit pas, sont sur la corde raide. Leur destin est lié.
Une dizaine de mètres à tout casser. A vue d’œil, c’est la distance qui sépare les deux bancs de touche au stade Vélodrome. Dans l’espace et le temps d’une soirée, c’est ce qui éloignera Didier Deschamps, entraîneur de l’Olympique de Marseille, d’Antoine Kombouaré, en charge du Paris Saint-Germain. Autant dire, pas grand-chose. Un peu comme dans les faits. Les deux hommes vont évoluer durant quatre-vingt-dix minutes avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête respective. Rarement la maxime "le malheur des uns fait le bonheur des autres" n’aura été aussi appropriée à l’issue d’un Marseille – Paris Saint-Germain dont les conséquences sportives iront vraisemblablement au-delà du score, de la simple lecture du classement ou de l’écart séparant les deux écuries.
Didier Deschamps et Antoine Kombouaré se connaissent depuis bientôt trente ans. Leur vie sportive a commencé au centre de formation de Nantes. Leur carrière pro sous les couleurs des Canaris. De cette époque, Kombouaré et Deschamps conservent une estime et une amitié certaine. Dimanche, ils se retrouveront face-à-face. Sans aucune animosité malgré l’urgence liée à leur situation professionnelle. "On est au-dessus de ça, jure Didier Deschamps. On s'est connu très jeunes. Il y a beaucoup de respect entre nous deux. On sera adversaire pendant le match et après on oubliera." Même son de cloche (ou presque) du côté de Kombouaré. "Ma situation est identique (à celle de Deschamps). On a les mêmes soucis à la seule différence que, nous, on est premiers et on va là-bas avec un peu plus de confiance", déclarait-il samedi avant la prise de pouvoir de Montpellier.
Si loin, si proche
En ce début de saison, DD et AK symbolisent à leur manière la difficulté de la tâche dévolue aux techniciens. L’ingratitude latente qui ressurgit au moindre coup d’arrêt et qui ne peut en rien être compensée par la gloire qu’ils ont retirée, dans le cas de Deschamps, ou retireront peut-être, concernant Kombouaré, d’avoir soulevé tel ou tel trophée. Entraîneur est devenu un métier de chien où allier la forme et le fond sont un minimum requis pour durer ou survivre. Regardez Antoine Kombouaré. Le coach parisien mène la danse en championnat avec sa "Dream Team à taille hexagonale" bâtie à plus de 90 millions d’euros par QSI et Leonardo. Problème, son employeur et son directeur sportif ont à peu près autant confiance en lui qu’une agence de notation envers la Grèce. Chaque petit accroc sur le terrain, bruit de vestiaire ou râlement est traduit comme un manque d’envergure du Kanak, qui continue à faire bonne figure et poursuit sa mission du mieux possible, soutenu par les supporters. Même lorsque Leonardo rencontre Carlo Ancelotti, Kombouaré fait front.
Les moyens quasi-illimités du premier, Didier Deschamps ne les a pas. Il n’en est "pas jaloux", rétorque-t-il à qui met le sujet sur le tapis. L’OM s’est lancé dans une cure d’austérité qui explique en partie au moins les piètres résultats d’une équipe qui n’est plus sortie du podium depuis 2007. DD a en revanche un crédit, non plus illimité, mais jusqu’ici toujours important auprès de son président Vincent Labrune et de l’actionnaire du club Margarita Louis-Dreyfus. Ces derniers ont toujours pris fait et cause pour leur entraîneur quand le bateau tanguait. Face aux joueurs qui dépassent les bornes, comme André-Pierre Gignac, prié d’aller faire un tour en réserve durant quelques jours, ou, plus symboliquement, aux dépens de José Anigo, après l’anicroche qui avait opposé le directeur sportif olympien à l’entraîneur.
Les cinq titres glanés par Didier Deschamps depuis sa prise de pouvoir y sont évidemment pour beaucoup. Ils représentent plus qu’aux yeux des virages du Vélodrome, qui ont déjà réclamé la tête de l’ancien capitaine de l’OM, et qui continueront tant que la barre ne sera pas redressée ou que la direction n’aura pas pris les mesures souhaitées. Drôle de vie. Dont s’accommode Deschamps. "Quand on est entraîneur, on a la pression. Et on vit avec. J'ai connu des périodes où ça envoyait de chaque côté avant un OM-PSG. Aujourd'hui, ça a changé. Paris, c'est la capitale. Marseille, c'est le Sud. Il y a forcément une opposition particulière." Particulière, savoureux euphémisme.
 Eurosport
http://fr.sports.yahoo.com/27112011/70/ligue-1-compagnons-de-galere.html
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