vendredi 20 juin 2014

France-Suisse, c'est ce soir : quelles chances de victoire ?

Facile vainqueur du Honduras au 1er match (3-0), la France pourra empocher son billet pour les huitièmes de finale ce vendredi à Salvador de Bahia en cas de succès sur la Suisse et si l'Equateur ne bat pas le Honduras. L'occasion pour les Bleus de prouver qu'ils sont aussi bien dans leurs têtes que dans leurs crampons.

Pas d'"euphorie". C'est la formule qui ne quitte pas les lèvres des joueurs français appelés à s'exprimer depuis quelques jours. Pas d'euphorie précipitée avant d'entrevoir les huitièmes de finale, ou même les quarts, l'objectif annoncé par la Fédération. Trop souvent la France s'est vue trop belle par le passé pour déchanter encore plus durement par la suite. Didier Deschamps le sait bien et il ne cesse de le rappeler à ses ouailles.
Le match face au Honduras a servi d'honnête mise en jambes (3-0), mais le sélectionneur n'en a certainement pas tiré beaucoup d'enseignements. Son groupe est opérationnel, enthousiaste et soudé. Voilà déjà quelques changements avec un passé pas si éloigné. C'est d'ailleurs dans les têtes et l'attitude que cela se voit.
Face à la Suisse, tête de série du groupe E et 6e au classement FIFA, les choses sérieuses vont pouvoir débuter pour les Bleus qui vont enfin savoir où se situe leur niveau réel. La Nati n'a rien d'un ogre et ils le savent bien, même si Rio Mavuba annonce "un match compliqué" comme en 2006 quand les deux équipes s'étaient déjà affrontées au premier tour (0-0) avant que la France, encore sous le coup de la déroute de 2002, ne prenne confiance jusqu'à la finale. "Le jour où on se comporte comme des stars, on va passer à côté, prévient Evra. C'est pour ça qu'on met le bleu de chauffe." Car même si la Suisse a eu toutes les peines du monde à venir à bout de l'Equateur au premier match, sauvée in extremis dans les arrêts de jeu (2-1), elle a les armes pour batailler dur.

"Difficile de trouver des points faibles à la France"
En 2010, les Helvètes s'étaient payé le luxe de faire plier les futurs champions du monde espagnols en poule (1-0). Quatre ans plus tard, leur sélectionneur Ottmar Hitzfeld considère que son équipe est plus forte encore. Si le groupe compte encore des cadres comme l'ancien Lillois Stephan Lichtsteiner (30 ans), il peut aussi s'appuyer sur des jeunes talents de 22 ans à peine, le milieu Xherdan Shaqiri, le défenseur Ricardo Rodriguez, double passeur face à l'Equateur, et Haris Seferovic, auteur du but victorieux. Les deux derniers faisaient partie de l'équipe des moins de 17 ans sacrée championne du monde en 2009. La France est prévenue face à une équipe contre laquelle elle n'a plus perdu depuis 22 ans (3 victoires, 2 nuls), mais qui ne lâche cependant jamais rien (8 de ses 10 derniers buts en Coupe du monde inscrits en seconde période).
"Sans manquer de respect au Honduras, la Suisse est l'équipe la plus importante du groupe", souligne Mavuba qui évoque "un vrai test". "Il faut bien aborder le match car, si ça se passe bien, ça va nous donner un peu plus de confiance." Et de la confiance, ce groupe en a. Il vit bien et ne le cache pas. "On n'a peur de personne", annonce le milieu de terrain. Et Evra de renchérir : "Ça fait peur, mais dans ce groupe, tout va bien. Les gars n'ont pas envie que cette aventure s'arrête maintenant." Et ce n'est pas Michel Pont, adjoint d'Hitzfeld, qui va dire le contraire : "Il est extrêmement difficile de trouver des points faibles à l'équipe de France, admet-il. "Elle est très bien organisée, compacte, fait des sacrifices individuels, des replacements, qui font partie de la volonté des joueurs. Les points faibles, nous devons les créer. Se planquer à dix derrière en attendant que ça se passe n'est pas la solution, il faut qu'on arrive à les défier dans le jeu".
Un succès sur la Suisse conjugué à un revers ou un nul de l'Equateur, dernier adversaire, face au Honduras, et la France serait déjà qualifiée, le moral gonflé à bloc. Sans brassard mais pas sans ascendant sur le groupe, Evra veut y croire. "Je ne sais pas jusqu'où on peut aller. Je suis confiant et vigilant", annonce-t-il. La France a retrouvé des raisons d'y croire avec un Karim Benzema enfin buteur dans une grande compétition internationale et une attaque qui tourne malgré l'absence de Franck Ribéry. Face à la sélection helvétique, la charnière centrale Sakho-Varane, que l'on dit jeune et expérimentée, aura sans doute davantage l'occasion de prouver sa valeur que face au Honduras où elle n'a été que très peu sollicité. Au milieu, une incertitude entoure la participation de Yohan Cabaye, touché aux adducteurs. Mais Rio Mavuba se tient prêt au cas où. "Il faut se dire à chaque match qu'on peut être titulaire et toujours se préparer comme si on allait jouer", affirme le Lillois.
Tourner le dos à Knysna définitivement

Didier Deschamps n'aime pas qu'on évoque encore et toujours Knysna pour parler de l'équipe de France. Manque de chance pour lui, le choc face à la Suisse intervient quatre ans jour pour jour après la grève des joueurs qui, le 20 juin 2010, avait refusé de descendre de leur bus pour s'entraîner après l'exclusion de Nicolas Anelka, soupçonné d'avoir insulté Raymond Domenech. Mais le nouveau sélectionneur devrait aussi y voir un signe, celui d'une entrée dans une nouvelle ère qu'il rêve enfin de voir apparaître, une page enfin tournée.
En cas de victoire, les Français laisseraient derrière eux définitivement les spectres sud-africains, ceux qui planent encore sur la tête de Patrice Evra, même s'il a voulu s'en débarrasser, mercredi, lors d'une première conférence en deux ans assez épique. Un succès, une qualification et les Bleus en seraient définitivement quitte, réconciliés avec leurs supporters qui veulent y croire depuis le barrage retour face à l'Ukraine
 

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