Ce 24 juin devait être un jour historique pour le football masculin et féminin. Pour la première fois en France, une femme s'apprêtait à diriger un club de Ligue 2 pour sa reprise de l'entraînement. Mais doit-on tout accepter pour entrer dans l'histoire de son sport ? A cette question, Helena Costa a décidé de répondre non. Au lendemain de sa démission surprise, elle donne sa version des faits. "Mon départ est dû à un ensemble d'évènements que n'importe quel entraîneur n'aurait pu admettre", écrit-elle dans un communiqué, évoquant "un manque total de respect et une preuve d'amateurisme" de la part de ses anciens dirigeants.
Après avoir annoncé la démission de sa ex-futur coach par voie de communiqué lundi, le président clermontois Claude Michy s'était aventuré sur le terrain sinueux de l'incompréhension des sexes en conférence. "C'est une femme. Une femme peut faire croire aux hommes un certain nombre de choses. Moi, j'ai cru. Comme je l'ai dit aux joueurs, ce n'est pas la première fois qu'un homme est abandonné par une femme. Donc je suis à égalité avec beaucoup. Ce n'est pas un cas d'espèce", avait-il clamé dans un discours que l'on pourrait juger teinté d'un léger sexisme alors qu'il s'exhibait fièrement le mois dernier aux côtés de celle qui devait prendre la relève de Régis Brouard. Une nomination qui avait surpris tout le monde et que les mauvaises langues comparaient à un "coup de com'"...
Un différend avec le directeur sportif de Clermont
Au niveau des griefs qui ont motivé sa décision, la Portugaise évoque notamment le problème du recrutement des joueurs. "Le directeur sportif voulait signer des joueurs sans mon accord, alors que je dois coacher cette équipe. Je trouve inacceptable que, dans une structure professionnelle, l'entraîneur apprenne la signature d'un joueur par le secrétariat du club, en lisant les noms des joueurs sur la liste des joueurs devant passer les premiers tests médicaux", ajoute-t-elle. Un directeur sportif, Olivier Chavanon, qui semble s'attirer les foudres de l'intéressée car "il ne répond(ait) pas aux e-mails, ou autres messages envoyés cinq jours avant la reprise." Et quand elle lui faisait part de son désaccord sur les recrutements aperçus, elle obtenait pour réponse : "Tu me fatigues avec tes tonnes de mails, je ne suis pas à ta disposition", écrit-elle.
Le problème de communication semble avoir été la goutte de trop pour la Lusitanienne qui égraine également des matches amicaux programmés sans qu'elle en soit informée, des réunions annulées. "Face à toutes ces situations, j'ai sollicité le président, pour une réunion, afin de lui révéler tous ces dysfonctionnements, ces négligences, cette gestion médiocre", explique Helena Costa indiquant qu'elle avait mis sa démission dans la balance si le directeur sportif restait en place. Sans nouvelle de son président, elle a donc elle-même tranché. "J'ai ressenti un profond dégoût pour ce manque de communication, dans une situation que je juge grave. Je l'ai toujours dit, je suis exigeante avec moi-même, et je veux de la confiance, de la droiture, autour de moi. Cette succession d'épisodes m'a décidée", conclut Costa qui reconnaît avoir obtenu des excuses de Chavanon pour "des erreurs dans sa communication". Mais le mal était fait.
"Seul le président est au courant"
"Elle part avec son secret", s'est contenté de dire le président du Clermont Foot mardi, se dédouanant quelque peu en conférence de presse. "Elle a un problème de manque de confiance qui s'est installé et elle n'a pas voulu nous faire confiance. On n'a pas d'explications rationnelles. Il y a des "raisons futiles", mais rien de sérieux." Nul doute que de tels propos auront eu du mal à convaincre de rester la très furtive coach de Clermont qui a confié à la presse un peu plus tôt que "seul le président" était au courant de la raison de sa décision.
Dans son édition de mardi, le journal L'Equipe avançait lui des raisons d'ordre plus personnel : sa maman serait malade et Helena Costa avait déjà rapidement regagné son pays natal après sa nomination. Mais les difficultés à obtenir les moyens financiers pour construire son ambitieux projet pour Clermont auront sans doute eu raison d'elle qui était venue sans staff technique. Et il se murmure que cela n'aurait pas refroidi le président Michy qui chercherait encore une femme pour entraîner l'équipe.
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