samedi 27 mars 2010

Deschamps-Blanc, duel sur le banc

Didier Deschamps et Laurent Blanc, entraîneurs star de Marseille et Bordeaux, se retrouvent ce soir en finale de la Coupe de la Ligue. Au Stade de France, où ils ont de nombreux souvenirs communs, les deux amis vont se livrer une vraie bataille le temps d'un match. Chacun dans son style

LEUR RELATION

Avant de devenir deux des entraîneurs les plus en vue du championnat, Laurent Blanc et Didier Deschamps sont avant tout deux amis. "Je considère Laurent comme un ami. On s'apprécie, confiait en janvier l'entraîneur de l'OM avant la dernière confrontation en date entre les deux hommes (1-1). Il y a des choses auxquelles Laurent et moi on attache beaucoup plus d'importance, par rapport à tout ce qu'on a vécu ensemble, les affinités qu'on a pu créer durant toutes ces années." Ce passé, c'est surtout sous le maillot de l'équipe de France qu'il l'ont passé ensemble. Les deux cumulent 82 sélections communes dans une carrière internationale qu'ils ont tous deux achevé en septembre 2000 contre l'Angleterre, déjà dans l'enceinte de Saint-Denis.

Le Stade de France, qu'ils retrouvent samedi, évoquera aussi des souvenirs vieux de 1998. "Ce n’est pas un bon souvenir pour lui, rappelle toutefois DD. Cette finale (France-Brésil, 3-0, 12 juillet 1998) dont il a été privé injustement (Blanc avait été expulsé en demi-finales après une altercation avec le Croate Bilic)... Je le revois à la fin du match en survêtement, comme si de rien n’était. Mettre de côté son cas personnel comme il l’a fait entre la demi-finale et la finale, je ne sais pas si j’aurais pu...". Le temps d'un soir, les deux compères seront toutefois ennemi, aucun doute là-dessus. "C'est particulier, déjà de croiser Didier sur un banc de touche, et en plus dans ce lieu où on a gagné quelques matches, et où on a dit adieu à la sélection dans ce stade. C'est particulier, mais dès que le coup de sifflet aura retenti, on aura oublié tout ça", a prévenu Blanc.

. LEUR INFLUENCE

"Ce qui est scandaleux pour le football français, c'est qu'il ait fallu attendre cinq ans pour qu'on lui donne sa chance", a déjà eu l'occasion de regretter Deschamps. Mais, s'il a pris son temps avant de prendre la casquette d'entraîneur, Laurent Blanc a largement rattrapé le temps perdu. Depuis son arrivée à Bordeaux, en 2007, le "Président" a endossé à bras le corps un rôle de manager qui lui offre des compétences étendues, notamment en matière de recrutement où ses désirs sont souvent devenus réalité (Gourcuff, Ciani, Plasil ou le départ avorté de Chamakh). Ambitieux, il a obtenu l'adhésion de tous en Gironde. Du côté de Marseille, Didier Deschamps était très attendu après le départ d'Eric Gerets. Et il a immédiatement imposé sa patte en changeant 30 % d'un effectif qui avait pourtant terminé à une belle deuxième place la saison précédente. Il a ainsi été entendu lorsqu'il a fait de Lucho Gonzalez sa priorité malgré un transfert de 18 millions d'euros, le plus gros l'histoire du club. Son statut de capitaine de l'équipe qui a remporté la Ligue des Champions en 1993 lui confère une aura particulière sur la Canebière.

. LEUR STYLE

Si beaucoup de choses les rapprochent, les deux entraîneurs ont des styles bien différents. Didier Deschamps, qui n'a pas attendu pour passer du banc des remplaçants de Valence à son premier match à la tête de Monaco le 28 juillet 2001, est un entraîneur dans l'âme. "Didier était programmé pour devenir entraîneur", confiait récemment Didier Deschamps. DD aime s'occuper de tout. Il conduit d'ailleurs tous les entraînements. A contrario, Laurent Blanc fonctionne en binôme avec Jean-Louis Gasset. Marqué par son passage à Manchester United sous les ordres d'Alex Ferguson, le Cévenol aime se voir comme un manager à l'anglaise et n'hésite pas à déléguer. Autre différence : le caractère. L'image de Blanc mâchonnant sereinement sa touillette devant son banc tranche avec celle plus sanguine de Deschamps. Ce dernier a d'ailleurs déjà fait parler de lui pour ses prises de tête avec Marcelo Gallardo, le directeur sportif de la Juventus Alessio Secco ou Hatem Ben Arfa. "C'est quelqu'un de très rigoureux, de perfectionniste, quand tu fais mal quelque chose, il te reprend direct et te dit : 'C'est comme ci ou comme ça qu'il faut faire, et pas autrement'", confiait Mamadou Niang, cette semaine.

. LA TACTIQUE

Adepte du 4-4-2 lors de son arrivée en Gironde, Laurent Blanc a finalement adopté un 4-5-1 qui lui permet d'avoir une meilleure assise défensive en associant Alou Diarra et Fernando. Ce système est rassurant et permet aux Bordelais d'exercer un pressing plus haut et libère davantage leur joueur vedette Yoann Gourcuff, de retour en grâce avec le printemps. L'entraîneur a également prouvé qu'il n'était pas frileux à l'idée de lancer de jeunes pousses dans le grand bain (Sertic, Sané, Trémoulinas). De son côté, Didier Deschamps a délaissé le 4-4-2 de ses années monégasques pour un dispositif en 4-3-3 avec la sentinelle Mbia devant sa défense, lorsque celui-ci n'est pas carrément aligné dans l'axe. Ce système permet notamment à Benoît Cheyrou d'évoluer plus haut. Ses choix tactiques, comme son recrutement (Diawara, Heinze, E. Cissé), a toutefois fait naître quelques critiques pour style physique et défensif.

. LES BLEUS

L'avenir des deux hommes se poursuivra-t-il en équipe de France ? Tous deux ont vu leur nom circuler pour prendre la place de Raymond Domenech. C'est Jean-Pierre Escalettes qui a lui-même mis le feu aux poudres en citant Laurent Blanc et Didier Deschamps au côté de ceux de Jean Tigana et Alain Boghossian dans sa "short-list". Le capitaine des épopées de 1998 et 200 (103 sélections) et le héros du Paraguay (97 sélections) font en effet figure de candidats idéaux. "Si je ne disais pas que l'entraîneur du champion de France en titre, champion du monde qui plus est, ne fait pas partie d'une liste de 10 ou 12 noms, on se foutrait de ma gueule. Mais je n'ai jamais dit qu'il était le favori", a ensuite tenté de noyer le poisson le président de la FFF. Mais, de l'aveu même de Deschamps, l'entraîneur des Girondins apparaît aujourd'hui comme le grandissime favori. A moins de son avenir le mène à Manchester, il succédera peut-être un jour à Ferguson, au Real Madrid, où Zidane ne cesse de faire sa publicité, ou même à Bordeaux.

A.P. / Eurosport

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