vendredi 26 mars 2010

Girard : «Ne rien lâcher»

Dauphin de Bordeaux, qui dispute sa finale de la Coupe de la Ligue samedi soir face à l'OM, Montpellier pourrait prendre les commandes de la Ligue 1 en cas de succès dimanche soir, à Lille. René Girard, l'entraîneur montpelliérain, s'attend à un « match âpre » mais ne s'en fait pas : « on n'a rien à perdre », explique-t-il. (Photo Presse-Sports)

«René, Montpellier est deuxième de la Ligue 1 à neuf journées de la fin. C'est plutôt une surprise mais cette belle saison récompense avant tout un recrutement bien senti et intelligent. Comment l'avez-vous travaillé ?
La chance, c'est que j'avais suivi, un peu par hasard, la deuxième partie de la saison 2008-2009, sans arrière-pensée. A un mois et demi de la fin, Rolland Courbis et Montpellier ont mis fin à leur aventure, et Loulou (Nicollin) m'a appelé. On est tombé d'accord, pour la première ou la deuxième division. J'ai immédiatement regardé le groupe, j'ai essayé de voir ce qu'il nous manquait. C'était de l'expérience. Romain (Pitau), Cyril (Jeunechamp) et Geoffrey (Dernis), qui avait déjà envie de venir chez nous, étaient libres. Par chance, on nous a proposé un garçon comme Emir Spahic, qu'on ne connaissait pas. On a appris à le connaître par vidéo. Bien nous en a pris. Il est arrivé le vendredi soir, et le samedi matin, en attaquant le stage, il était là, à fond. C'est un super joueur et un vrai leader. En plus, on a des jeunes qui ont envie d'avancer et les anciens qui tirent tout par le haut. On vit vraiment une période exceptionnelle.

Vous jouez à Lille ce week-end. Difficile de parler de pression quand un promu joue le haut de tableau, mais il n'empêche qu'en cas de victoire, vous compteriez huit points d'avance sur eux. Et vous serez peut-être premiers vu que Bordeaux joue la finale de la Coupe de la Ligue. C'est un tournant ?
D'aller là-bas avec un écart de cinq points nous enlève déjà pas mal de pression vu qu'ils ne peuvent pas nous rattraper. Ils auront beaucoup plus de pression que nous vu que c'est une équipe qui avait ouvertement annoncé en début d'année qu'elle jouait l'Europe, voire les trois premières places. Ce dont je suis sûr, c'est que ça va être un match âpre. Les deux équipes ont un peu le même tempérament, la même façon de jouer. Ils ont un effectif beaucoup plus large que le nôtre, puisque ça fait pas mal de temps qu'ils marchent bien. Mais bon, on va aller là-bas sans pression, vu qu'on n'a rien à perdre.

Ca va être ça jusqu'au bout de toute façon...
Justement, il faut faire attention parce qu'à certain moment, on a senti une petite pointe de mauvaise pression. On entend tous les jours des gens parler d'Europe, de podium, pourquoi pas de titre. Mon rôle, c'est donc de modérer un peu tout ça et de rester le plus réaliste possible. On est là, c'est fabuleux, on ne lâchera rien, on va s'accrocher jusqu'au bout et puis on prendra ce qui viendra.

Franchement René, vous êtes un compétiteur, vos joueurs aussi. Si vous ne jouez pas le titre là, vous ne le jouerez jamais !
Bien sûr, ça on le sait. Vu notre potentiel par rapport aux autres grosses équipes, on peut dire qu'on joue les six premières places. Quand tu regardes derrière, tu n'es sûr de rien. Mais c'est sûr qu'on ne va rien lâcher. On a avancé doucement, sûrement, sans se projeter. On va continuer comme ça parce qu'on a encore de gros matches : Lyon et Monaco à La Mosson, Lille et Paris-SG à l'extérieur... Tout peut encore arriver. Il ne faut pas qu'on se prenne pour d'autres.

« Au mercato, il ne faudra pas faire n'importe quoi »
A Montpellier, vous devez sentir un certain engouement quand même. Et puis c'est une ville de sport entre votre équipe, le hand, le rugby, le volley-ball, le hockey...
Il y a des inconvénients aussi. Quand on a trois ou quatre sports de très haut niveau, ça disperse automatiquement. Mais c'est super pour cette ville. C'est à nous de continuer comme ça pour faire venir les gens au stade. Il y a des régions où le football est un peu plus ancré dans les têtes qu'à Montpellier.

Pour votre dernier match contre Valenciennes (2-1), le stade n'était pas plein. Ca vous surprend ?
On a encore besoin de fidéliser. Il y avait environ 16000 personnes. Vu notre classement, on pouvait s'attendre à un peu plus de monde. Mais bon, c'est une ville étudiante... Mais les retours qu'on a, c'est que les gens viennent au stade avec beaucoup de plaisir. On doit donc consolider tout ça. Et il ne faut pas oublier que l'an passé, en Ligue 2, il n'y avait que 5000 ou 6000 personnes.

Justement, en parlant de consolider, vous commencez à préparer la saison prochaine ?
C'est compliqué. Au mercato, il ne faudra pas faire n'importe quoi. En jouant une Coupe d'Europe, on partirait de très loin, l'investissement psychologique des joueurs serait énorme. Si tu te fais sortir au premier tour, tu traînes un effectif trop lourd toute l'année après. Ca va bientôt nous amener à une réflexion très importante.

Quel est votre favori, à part Montpellier, pour le titre ?
Je l'ai toujours dit : Bordeaux. C'est l'équipe la mieux armée, la plus compétitive, même si il y a deux gros qui sont bien lancés derrière. Sincèrement, je pense que Bordeaux va le faire, même s'ils ont eu un petit passage à vide. Et puis j'ai un peu de sang bleu qui coule dans mes veines... (il a joué huit ans à Bordeaux, entre 1980 et 1988, ndlr).»
FRANCE FOOTBALL

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