Landreau : "On m’attend au tournant"

Il n’a plus porté le maillot de l’équipe de France depuis novembre 2007, en amical face au Maroc. Sa onzième et très probablement dernière sélection avec les Bleus. Mais Mickaël Landreau, 31 ans, ne vit pas dans la nostalgie. Le gardien de but, champion de France avec Nantes et vainqueur de la Coupe de la Ligue avec le Paris-Saint-Germain, s’épanouit à Lille. Eden Hazard, niveau de la L1, avenir, équipe de France : « Mika » se confie.


France-Soir Que vous inspire la place de leader de Lille ?
Mickaël Landreau Du positif. Cela prouve qu’on a réussi à obtenir des résultats intéressants. Mais nous prenons cela avec du recul, car il y a encore un match en retard entre Rennes et Marseille. Et si l’un des deux l’emporte, il peut être leader. Cette première place est pour l’instant anecdotique.


F.-S. Etes-vous d’accord avec ceux qui critiquent le niveau actuel de la Ligue 1 ?
M. L. On peut le discuter de plein de manières différentes. Mais le PSG est quasiment qualifié pour le tour suivant de la Ligue Europa, l’OM et Lyon vont en huitièmes de finale de la Ligue des champions, Auxerre a fait un excellent parcours mais est tombé dans le « groupe de la mort ». La Ligue 1 ne se porte pas mal. Après, en termes de moyens et d’effectifs, c’est plus difficile de gagner le samedi et d’être compétitif en Coupe d’Europe, mais je trouve que c’est plutôt un championnat intéressant. Il permet de suivre de belles aventures. Ça fait plaisir de voir Brest et Montpellier en haut du classement. Cela montre qu’à travers le collectif les valeurs des équipes peuvent exister.


F.-S. Lille est la meilleure attaque du Championnat, mais en défense vous avez du mal à garder vos buts inviolés…
M. L. Comme toujours, on cherche le petit point à améliorer. Quand on est autant porté sur l’offensif, c’est normal aussi de se prendre des buts. Mais il faut dire qu’on a pris plusieurs top buts (rire). En plus, notre bilan défensif est un peu biaisé, car on a pris deux fois trois buts face à l’OL et à l’OM. Mais je nous ai tout de même trouvés intéressants collectivement.


F.-S. Que vous inspire Eden Hazard, votre jeune et brillant coéquipier ?
M. L. C’est un joueur exceptionnel. Comme lui, j’ai commencé très tôt et je sais l’attente qui pèse sur ses épaules. Il a le droit d’avoir des moments où il est moins bien. Mais je trouve qu’il est plutôt régulier et pour moi c’est une chance de pouvoir évoluer avec un tel joueur, surtout quand on aime le foot. Il va continuer son bonhomme de chemin.


F.-S. Quel regard portez-vous sur les portiers français ?
M. L. Je ne pense pas qu’on ait encore un gardien dans les trois, quatre meilleurs au monde. En revanche, en termes de qualité et de quantité, on est dans les tout meilleurs.


F.-S. Vous ne placez donc pas Lloris parmi les meilleurs mondiaux ?
M. L. Hugo Lloris a encore une marche à franchir. Par comparaison, je trouve que Steve Mandanda est très performant dans un club où les choses ne sont pas toujours simples. Il est vraiment intéressant. Cech, Julio Cesar, Casillas, eux, sont sur le toit du monde. Lloris a encore une marche à franchir, par exemple aller dans un grand club européen.


« Je suis à la disposition de l’équipe de France »
F.-S. Etes-vous tenté par l’aventure à l’étranger ?
M. L. J’aime bien la France et je m’éclate en Ligue 1. J’ai 31 ans. Mais c’est déjà c’est ma 14e ou 15e saison en Ligue 1. Avec beaucoup d’exigence, j’ai enchaîné 40-50 matches par saison. Mais je m’éclate. Je donne mon maximum. J’ai eu des périodes plus difficiles que d’autres mais, tous les jours, je prends du plaisir. Je ne me projette pas trop. Je me dis juste qu’aujourd’hui j’ai envie de jouer. Je prends du plaisir saison après saison. Si demain ça devait s’arrêter, ça ne me dérangerait pas.


F.-S. Pensez-vous encore à l’équipe de France ?
M. L. Laurent Blanc fera les choix qu’il souhaite mais, tant que je suis en activité, je suis à la disposition de l’équipe de France. Même si je ne suis pas retenu, cela ne m’empêche pas d’être le premier supporteur de l’équipe de France. C’est la vitrine du football français.


F.-S. Vous êtes-vous remis de vos dernières déceptions avec l’équipe de France ?
M. L. Je n’ai pas le choix. On se construit à travers ça. Je m’investis tout d’abord pour mon club, Lille, avec l’envie d’être le meilleur à un poste difficile. C’est vrai qu’il y a des soirs où on est moins heureux et où on se sent un peu seul (rire). La pression et l’exigence sont là depuis mes 17 ans. On m’attend au tournant, je n’ai pas le droit à l’erreur. C’est une motivation pour moi, cela me pousse à travailler et à faire le maximum. Cela demande une hygiène de vie irréprochable, et de donner le meilleur de soi-même. Je sais que l’environnement ne me pardonne pas grand-chose.


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