mercredi 9 février 2011

Jouanno et les Bleus : «J'assume d'avoir donné mon avis»

Chantal Jouanno, arrivée hier après-midi à Annecy pour la visite de la commission d’évaluation du CIO, nous a longuement reçus le matin dans son bureau. La ministre des Sports annonce une hausse prochaine du budget d’Annecy 2018 et précise ses propos concernant les Bleus
La commission d’évaluation du CIO examine la candidature d’Annecy aux Jeux d’hiver 2018. Quelles sont les chances de succès ?
Chantal Jouanno. C’est le premier dossier lourd que j’ai eu à traiter en arrivant L’Etat s’y était peu penché car le mouvement sportif ne le souhaitait pas. J’ai voulu m’investir car il existait une tentation un peu forte chez certains de renoncer. Il n’était pas question de mettre 18 millions d’euros à la poubelle. Renoncer, c’était ridiculiser la France aux yeux du monde, car aucun pays ne l’a fait jusqu’à présent.


Le budget d’Annecy 2018 peut-il encore augmenter ?
La Caisse des dépôts et consignations vient d’annoncer qu’elle mettait 1,5 million d’euros sur la table. La Compagnie du Rhône y ajoute 300 000 €. Nous irons nécessairement un peu au-dessus. Par rapport aux 18 millions d’origine, nous souhaitions en ajouter 5 ou 6. Il manque donc 2 à 3 millions. Nous allons accueillir de nouveaux partenaires privés car le contribuable ne comprendrait pas d’être encore sollicité.


Le Qatar vient de devancer la France pour l’organisation du Mondial 2015 de handball. Comment expliquez-vous ces échecs à répétition ?
Nous sommes une grande nation d’organisation d’événements internationaux. En revanche, nous avons connu des déboires récents concernant les Jeux olympiques. En arrivant sur le dossier d’Annecy, j’ai remarqué que nous n’avions aucune mémoire des précédentes candidatures, des hommes et des projets. D’autre part, il n’y avait personne pour animer le réseau français à l’international. Enfin, nous ne possédons aucune vision stratégique internationale : quelles candidatures devons-nous soutenir ? Et quand devons-nous candidater ou nous abstenir ? […] Parfois, on a le sentiment de partir comme des amateurs, c’est étonnant pour une nation comme la France.


On évoque déjà une candidature de Paris pour les JO 2024…
Le traumatisme de Paris 2012 reste très fort. Sur ce dossier, la dimension politique s’avérait trop importante. On a aussi eu le tort de dire que l’on avait gagné avant la fin. […] Les JO sont importants. Oui, il faut que la France candidate à nouveau, qu’il s’agisse de Jeux d’hiver ou de Jeux d’été.


Parlons de football. L’affaire des primes des Bleus n’est toujours pas réglée. Le comprenez-vous ?
Il faut absolument aider Laurent Blanc. Il essaie de donner des valeurs à cette équipe, d’assainir. […] Il faut tourner proprement la page de l’Afrique du Sud. On ne doit pas mettre la poussière sous le tapis. Il faut régler cette affaire de primes car cela pourrit complètement l’image du football. Pourtant, cet argent est bloqué et les joueurs ne l’ont pas touché. On salit bêtement l’image du football.


Votre souhait de ne plus voir Franck Ribéry et Patrice Evra en sélection a provoqué un gros débat. Vous le regrettez ?
On parle de l’équipe qui porte le maillot de la France. On a le souvenir d’avoir été la risée du monde. Je ne jugerai pas de la valeur sportive, je ne connais pas assez le football. Mais, pour faire partie de l’équipe de France, on doit incarner certaines valeurs. Si le ministre ne s’exprime pas là-dessus, il faut qu’il aille faire autre chose.


Découvrez-vous le poids important du football, son aspect inflammable en matière de communication ?
Je ne le découvre pas. Je sais ce sujet particulièrement inflammable. Mais on a été trop timides sur l’affirmation des valeurs. J’assume pleinement d’avoir donné mon avis, je n’ai pas dit à Laurent Blanc : sélectionnez untel ou untel. […] Ce n’est pas parce qu’un sujet est difficile qu’il faut l’occulter, se taire.


Avez-vous parlé à Laurent Blanc depuis cette sortie ?
Ces conversations restent entre nous (sourire). Je ne veux pas donner le sentiment que je fais pression sur lui ou sur la sélection. Il est le patron des Bleus et il faut l’aider. Pour cette raison, la Fédération doit assainir ce qu’il y a autour, réformer sa gouvernance, régler cette affaire des primes.
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