Depuis qu'il a pris les rênes de l'équipe de France, Laurent Blanc a brillé par sa constance et sa clarté. Le sélectionneur des Bleus a une parole et une ligne de conduite. Et n'a pas pour habitude d'en changer au gré du vent. L'été dernier, à peine arrivé à la tête d'une formation qui avait perdu la sienne en Afrique du Sud, le Président avait mis les points sur les "i" et prévenu ceux qui aspiraient à jouer un rôle avec les nouveaux Bleus : "L'équipe de France n'est plus un vecteur essentiel dans les choix de carrière. Elle doit le revenir. Il est bien de dire que l'on joue dans des grands clubs... mais le mieux est de jouer." Cet avertissement du sélectionneur n'a jamais résonné avec autant de justesse qu'aujourd'hui alors que le mercato est à quelques encablures de son ouverture officielle et qu'une grande partie des Bleus se pose - légitimement - des questions quant à leur avenir en club.
Laurent Blanc n'est pas né de la dernière pluie et sait à quoi s'en tenir. Il a été footballeur avant ses ouailles. Lui aussi a eu à faire des choix. Partir à Naples quand l'étranger était une terre à défricher pour ses contemporains, aller à Auxerre ou quitter le "confort" marseillais pour l'Inter quelques saisons plus tard... Aujourd'hui, ce sont ses joueurs qui sont confrontés à de tels dilemmes. Pour autant, pas question de se polluer l'esprit maintenant. Les clubs, on les range au placard. En ce moment, les vingt-six doivent penser à la Biélorussie, l'Ukraine et la Pologne. Basta. "Il y a certains joueurs qui sont en période de réflexion, pour savoir si oui ou non ils restent ou partent. C'est une réflexion importante, je le dis je le répète, le 10 juin j'annoncerai les joueurs qui auront plus d'importance dans le groupe", prévient-il. Avant d'ajouter qu'il est prêt à donner un coup de main aux indécis. Pour leur bien. Et celui de l'équipe de France : "S'ils me demandent des conseils, je leur donnerai car je suis parti à l'étranger dans quelques pays, ce n'est pas une décision qui se prend comme ça."
Un an avant l'Euro, c'est risqué...
Des vingt-six joueurs qu'il a emmenés en Europe de l'Est, une grande partie n'est pas certaine de porter en 2011/2012 la même tunique que lors de l'exercice qui vient de se terminer. Et pas des moindres puisque Karim Benzema (Real Madrid) et Samir Nasri (Arsenal), deux symboles de la reconstruction, font partie de cette liste qui n'a rien de "short". Le Madrilène, dont le temps de jeu suit la trajectoire d'un yoyo, est sur les tablettes d'Arsenal et le Londonien, qui aimerait toucher le jackpot en paraphant un nouveau contrat, est sur celles de Manchester United. Malgré leur statut, ces deux hommes prendraient le même risque que les autres en allant voir ailleurs cet été.
Changer de crémerie un an avant une grande compétition peut coûter cher. C'est vieux comme le monde. Laurent Blanc veut éviter que des joueurs s'éliminent bêtement de la sélection parce qu'ils ont cédé au chant des sirènes et, souvent, à une réévaluation salariale non négligeable. Surtout les jeunes : "Pour ces joueurs qui sont pour la plupart dans leur premier gros transfert, le plus important est d'avoir une discussion footballistique avec leur éventuel futur entraîneur, pour savoir s'il pourra s'intégrer dans le schéma tactique ou pas, conseille-t-il. Les dirigeants te diront toujours : 'tu es notre priorité'. Si c'est l'entraîneur qui le dit c'est mieux."
Blanc préfère prévenir que guérir mais comprend que la réalité n'est pas aussi simple que ça. Refuser une offre d'un grand club parce que l'on ne se sent pas prêt, ça ne se fait pas comme ça : "Les opportunités que vous avez, vous n'êtes pas sûr de les avoir tous les ans. (....) Il faut être sûr de pouvoir relever l'objectif et de pouvoir s'intégrer dans le projet de votre club." Comment peut-on être sûr ? Adil Rami, qui quitte Lille pour Valence, l'est-il ? Laurent Blanc l'espère. Mais ne peut l'affirmer : "Valence est un très bon club, juste derrière le Barça et le Real. La Liga est pour moi le meilleur championnat européen, il va se mesurer à de grands attaquants, mais il faudra être prêt." D'autant que "une fois que c'est signé, c'est trop tard, surtout dans des grands clubs. Ils achètent et vous vous retrouvez à cinq au même poste." La suite ? Laurent Blanc n'a pas envie de la connaitre.
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