dimanche 5 février 2012

Le Graët-Blanc, divorce acquis

C’est un couple en instance de divorce qui vit encore sous le même toit en attendant que les enfants passent le bac. Dès la fin de l’Euro 2012, quelle qu’en soit l’issue, les route de Noël Le Graët et de Laurent Blanc vont se séparer. Le président de la fédération (FFF) s’est convaincu de ne pas prolonger le contrat du sélectionneur, qui est en train de se faire à cette idée. Dans les prochains mois, les intéressés vont faire bonne figure dans l’intérêt supérieur de l’équipe de France. En réalité, Le Graët est déjà à la recherche du successeur de Blanc, lequel va de son côté s’ouvrir aux propositions de clubs.
De multiples raisons ont rendu cette rupture inévitable. Habitué à tout diriger, que ce soit dans ses entreprises, dans son ancien club de Guingamp ou dans les instances, le président de la FFF ne supporte pas de manquer de contrôle sur l’équipe de France, qu’il voit comme un État dans l’État. Mais aussi sur le sélectionneur, qui l’a parfois irrité en ne prenant pas soin de le rappeler malgré les messages laissés sur son répondeur. En deux occasions (refus d’une prime pour l’ensemble du staff, choix du camp de base de l’Euro), Le Graët a saisi l’occasion de montrer qu’il était décideur. Cela n’a pas suffi à faire rentrer Blanc, trop indépendant, dans ses bonnes grâces. Lorsque celui-ci s’est personnellement engagé dans une opération commerciale (pour 300.000 euros environ) avec le Crédit agricole, partenaire de la FFF, on a fait dire à Le Graët qu’il n’était pas au courant. C’est inexact : il savait, mais n’a pas apprécié.

Le Graët doute même des compétences du sélectionneur

Autre sujet de divergence, le staff du sélectionneur, jugé trop onéreux. Les doublons (entraîneurs adjoints, entraîneurs de gardiens, managers) et le recours inédit à des prestataires extérieurs (Fabien Barthez, Henri Émile, Philippe Tournon) irritent particulièrement Le Graët, qui y voit du gaspi. Il ne goûte pas non plus les séjours d’avant-match dans un hôtel d’Enghien, pour des motifs qu’il juge futiles. Plus encore, il ne cache pas que la présence au plus près du sélectionneur de Jean- Pierre Bernès, également agent de plusieurs internationaux, lui semble immorale, l’ancien président de la Ligue ayant encore gardé en bouche le goût de l’affaire VA-OM et ne croyant pas à la rédemption de Bernès.
Noël Le Graët en est même venu à douter des compétences techniques du sélectionneur, qu’il estime par ailleurs peu enclin au travail. Il s’en est ouvert à des proches : à ses yeux, l’aura immaculée du "Président" n’est pas en rapport avec ce que montre l’équipe de France sur le terrain. Il a fait un calcul simple. Son discours officiel, qui est de repousser toute discussion autour de la prolongation de contrat de Blanc après l’Euro, apparaîtra sage en cas d’échec en Ukraine. En cas de performance des Bleus, le départ du sélectionneur ne pourrait être imputé qu’à ce dernier s’il s’était déjà engagé dans un club.
En réalité, Blanc aurait souhaité rester. Le Graët ne lui laisse pas le choix. Le président de la FFF voit loin. Plus loin que sa réélection en décembre prochain, qui semble déjà acquise. Son objectif principal est l’Euro 2016, organisé en France, qu’il rêve en aboutissement de sa carrière. Il veut partir pour quatre ans avec un homme de confiance. Et il a déjà ciblé sa priorité : Arsène Wenger. Le manager d’Arsenal a souvent dit qu’il voyait l’équipe de France comme une option de fin de carrière. Il a 62 ans. Selon ses proches, il se voit encore un avenir à Arsenal, voire au Real Madrid si celui-ci se manifestait. Mais Le Graët espère le convaincre de rejoindre la maison bleue.
Parmi le gratin des entraîneurs français, c’est son seul choix. Il ne veut pas entendre parler de Didier Deschamps, qui travaille aussi avec Jean-Pierre Bernès. Si Wenger ne se rendait pas disponible, il lui faudrait se rabattre sur un profil moins prestigieux. Il a déjà en poche l’argument justifiant le recours à un sélectionneur de second plan : il répète à qui veut l’entendre que, de ses années de football, il a retenu que la principale clé du succès, c’est la complicité entre un président et son entraîneur.
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